paris, Galerie Crèvecoeur
07/10/2025
Emma Reyes (1919-2003) est une peintre colombienne née à Bogota. Déposée à sa naissance dans un orphelinat, elle n’a reçu aucune forme d’instruction de la part des Soeurs Auxiliatrices qui l’ont recueillie sur le quai de la gare où ses parents l’ont abandonnée. À 18 ans, analphabète, elle s’échappe de l’orphelinat et survit en réalisant des travaux de broderie, puis décide de devenir peintre, à 26 ans, sans formation aucune. Lorsque j’ai vu ses oeuvres pour la première fois, j’ai pensé qu’il s’agissait de travaux textiles. Cette impression est due aux techniques qu’elle a inventées, dans lesquelles le trait continu joue un rôle central.
Cette ligne continue délimite et remplit les espaces de son dessin, complétée parfois par des points de taille variable. Son dessin et ses choix de couleur révèlent une imagination extrêmement féconde et donnent à son oeuvre une allure dynamique d’inspiration pré-colombienne.
La motivation d’Emma Reyes sur les plans technique et artistique était forte, puis qu’elle a obtenu, en 1947, une bourse de la Fondation Roncoroni pour étudier, à Paris, à l’Académie André Lhôte. On imagine que ce séjour dans cette académie prestigieuse lui a beaucoup apporté, mais sa personnalité était telle qu’elle a conservé son style inimitable.
Plus tard, en 1960, elle s’est installée en France. Trente années plus tard, on la retrouve à Bordeaux où elle a vécu jusqu’à sa mort dans l’anonymat presque complet. Néanmoins, l’État français l’a nommée Chevalier des Arts et des Lettres en 1996. Elle a consacré la dernière partie de sa vie à la promotion des artistes sud-américains en exil. Ceux-ci la surnommaient affectueusement Mama Grande.