paris, france
XXIst century
Mon Paris est un album de mes photos en forme de livre conçu et réalisé en 2020 au cours du premier confinement. J’y exprime ma passion intime pour Paris au moyen de photos que j’y ai réalisées.
Aimer.
Aimer la vie. Aimer la ville. Aimer Paris.
Aujourd’hui ville de ma vie, Paris a toujours été pour moi un absolu et un idéal.
Et, aussi, comme une énigme et un paradoxe : comment, alors que suis né et ai vécu dans cette petite ferme du Limousin, Paris a-t-elle pu être cette lueur de toujours ? Allez savoir…
Mes vies, personnelles et professionnelles, ont toujours été aimantées par Paris. Mais ce n’est qu’après bien des années, limousines et heureuses de l’avoir été, que j’ai pu rejoindre et vivre la Ville Lumière. Aux nombreuses intermittences parisiennes qui ont donné lieu à tant de délicieux picorements a succédé mon insertion durable dans ma ville idéale. Elle se poursuit aujourd’hui avec un parfum d’éternité.
Mais que sont un lieu, une ville, pour un homme qui n’est jamais que le produit d’une infinité de circonstances ? Ma chance a été qu’après un Paris rêvé, au risque de son idéalisation, le Paris que je vis maintenant est en phase avec le mythe que j’ai construit au long de ma vie.
Il y a, en effet, mille Paris, mais un seul pour chacun d’entre nous.
Celui de Philippe Auguste, celui des Lumières, celui des Misérables, d’Haussmann, de Zola, celui de la Commune et du Front Populaire, celui des artistes de Montmartre et de Montparnasse, celui des gens de Belleville et de Willy Ronis, Paris libéré, celui de Cartier-Bresson et de Robert Doisneau, celui des chanteurs des rues et des peintres de toutes les époques, celui de Charonne et de Mai 68, tous ces Paris existent dans un seul ensemble.
Quand je déambule dans Paris, la présence simultanée de son passé et de son présent, de son peuple et de sa culture, me fascinent. Ou, plutôt, de ses peuples et de ses cultures. Car Paris est ville-monde. D’où qu’il vienne, chacun y est à sa place et peut y vivre comme il l’entend. J’ai, dans ce livre, construit un triptyque : une image qui montre des gens sur une place de village, la place des Grès, discutant autour d’un verre par un bel après-midi printanier, puis une autre, rue Saint-Blaise, tout à côté, qui montre la vie en camaïeu des peuples du Monde que Paris s’efforce d’accueillir. Enfin, à côté d’eux, cette perspective de la même rue Saint-Blaise qui montre l’église Saint-Germain de Charonne veillant sur une galerie de street art. C’est le XIIème siècle connecté au XXIéme. Ainsi, chaque quartier nous montre tout de Paris : son passé, son présent, son futur qui émerge.
Mon Paris, c’est le Paris universel de la ville monde et, en même temps, mon Paris à moi, exclusif de tout autre, mais en phase avec tous les autres. Ainsi, tout m’intéresse dans ce kaléidoscope urbain. J’y photographie les pierres et aussi les gens.
Ce que les meurtriers du 13 novembre 2015 ont visé, ce sont les terrasses ensoleillées d’une fin de semaine prometteuse de délassement et d’humanité, un stade de foot et une salle de concert. Ils ont tiré sur le sel de la vie, qui leur est insupportable. Ils ne veulent pas que la vie, que Paris, soit une fête.
Cela m’incite d’autant plus à observer et à dire, avec mes images, ce qu’est la vie digne, la vie vraie, la bonne vie. Donc à traquer dans la ville sa profondeur et dans les gens leur vérité, leur humanité profonde à travers ce qui passe dans leurs échanges, leurs gestes et leurs regards. Parfois, aussi, de leurs souffrances. Je photographie les gens pour ne pas oublier que si nous sommes avant tout des individus, nous n’existons pleinement que parce que nous échangeons entre nous, par ce que nous faisons ensemble, parce que nous nous aimons. Il y a toujours du monde dans la rue à Paris. Paris c’est moi, Paris c’est nous.
Paris vibre de cette socialité, Paris vibre de la vie.