paris, Beaubourg / Pompidou
13/06/2025
De tous temps, les migrants ont été une chance pour la France. Paris a toujours été un lieu d’accueil pour les artistes. Ils y ont créé des espaces de rencontre, de confrontation, de stimulation de la création. Le Centre Pompidou présente, avant sa longue fermeture pour travaux, une petite partie des ces nombreux microcosmes créatifs : « des artistes originaires d’Afrique, des Amériques et des Caraïbes qui ont vécu à Paris entre 1950 et 2000. »
Si la formule d’Ernest Hemingway « Paris est une fête » , heureuse traduction de a moveable feast, a fait florès, c’est parce qu’elle traduit cette réalité de toujours : Paris est un concentré de liberté et de créativité. En ce sens, l’exposition Paris Noir aurait pu traiter de bien d’autres périodes, mais on comprend qu’il fallait bien délimiter le propos dans ces domaines extrêmement abondants.
Cette exposition très complète a fait le choix de mettre en avant les liens entre circulations artistiques et luttes anticoloniales. Cette approche pourrait également être développée sur bien des périodes antérieures. Dans les domaines de l’art comme dans ceux de l’économie, l’accueil des réfugiés a toujours été un facteur déterminant de dynamique créatrice.
La visite de cette exposition me conduit interroger la pertinence de l’approche en termes de négritude. On voit, en effet, à quel point les artistes exposés étaient et sont en phase avec les mouvements créatifs planétaires, des expressionnistes allemands à Jean-Michel Basquiat pour prendre deux exemples. Il est donc difficile de considérer là une spécificité noire. En conséquence, j’inverserais volontiers les termes de l’exposition en considérant Paris décolonial et progressiste à travers les artistes noirs.