paris, Fondation Henri Cartier-Bresson
27/05/2025
« Mes sujets sont ces êtres que personne ne regarde. Mais ce sont pourtant eux qui font marcher le monde. Ils font le travail. » Ainsi Richard Avedon présentait-il, en 1985, sa série In the American West, exposée à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris. Il s’agit de 103 portraits, tous sur le même modèle, sur fond uniformément blanc et en lumière naturelle (celle de l’Ouest américain disait-il), de ces personnes qui « font le travail »… quand elles en ont un. Nous sommes, en 1979, à l’aube de la révolution conservatrice qui bouleversera la vie de millions de gens ordinaires, ceux que le néo libéralisme naissant va frapper le plus durement.
Pourtant, avant d’être le portraitiste des gens de peu, Richard Avedon était celui des stars. Ses modèles ont été Brigitte Bardot, Sophia Loren, Marylin Monroe… et il travaillait pour Harper’s Bazaar, Life, Vogue… puis le New Yorker. Il a fait du portrait photographique un art supérieur. Mais les paillettes des femmes potiches sur papier glacé ne lui suffisaient pas. Parallèlement à la photographie de mode, il a orienté ses travaux vers la société (lutte pour les Droits Civiques, manifestations contre la guerre du Vietnam…) avec des portraits dans lesquels il cherche ce qui reflète la personnalité de ses sujets et devient un photographe humaniste.
C’est dans cet esprit que le Amon Carter Museum de Fort Worth (Texas) lui a demandé le travail devenu In the American West. Cette série, composée au final des 103 portraits, réalisés on ne peut plus simplement en face à face sur fond blanc, qui sont exposés à la Fondation Henri Cartier-Bresson, couvre les années 1979 à 1984. Richard Avedon était un artiste particulièrement rigoureux, expert dans l’art de mettre son expertise exceptionnelle au service de la plus grande simplicité. À titre d’illustration, je souligne, dans les 6 images de cette micro-série « Quoi de neuf ?», le cadrage ainsi que l’énorme travail de préparation et de développement de ses images.